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dimanche 5 avril 2015

(Pr) Pâques flanque la pagaille...

Prédic’ Pâques, 5 avril 2015, « Pâques flanque la pagaille...  » 

Marc 16, 1-8; Psaume 103, 1-5 + 8-13; Ephésiens 1, 16-21



C’est au cimetière que tout a commencé. Dans un lieu où d’habitude tout s’arrête; où normalement les projets humains se terminent. Dans un lieu où se déchirent tant de relations.

Il fait encore sombre. Les femmes marchent. Elles se rendent au tombeau, sans hâte, avec ces sentiments mélangés de vide et de révolte qu’éprouvent les endeuillés.

Et, alors qu’elles avancent, un peu grises, avec dans les mains leurs parfums pour embaumer le corps, voilà qu’un gros problème, bien réel, se présente à leur esprit: “mais qui va nous rouler la pierre?”.

À elles seules, c’est impossible, elles le savent. Il faudrait des outils, des leviers, des forces d’homme. Zut, que faire? Elles n’y ont pas pensé avant... Il y a là un obstacle concret, infranchissable; un obstacle qu’elles ne voient pas comment résoudre.

Elles avancent encore un peu... passent le tournant du chemin... Et là, elles ont le choc de leur vie. Elles voient que la pierre a été roulée. C’était une très grosse pierre, précise l’évangile.


Symbole! Image forte et parlante! Car, oui, pour Dieu, même les plus grosses pierres n’ont pas d’importance. Aucun roc, si lourd soit-il, ne peut résister à la puissance de son amour; son amour qui veut la vie de celles et ceux qu’il aime, passionnément. Aucun mal, aucun échec, aucune situation de mort ne peut empêcher Dieu d’agir, et de rouvrir un avenir qui paraissait bouché.

“Qui va nous rouler la pierre?”. À nous aussi, cette question résonne familièrement, à nos coeurs... Il nous arrive à tous, parfois, de faire le constat de nos impossibilités, dans telle ou telle circonstance. Il nous arrive à tous de buter devant notre impuissance, nos limites, devant notre notre absence de courage ou d’amour pour changer notre vie, ou celle des autres.

Or, la première bonne nouvelle de Pâques, c’est ceci: ce que les humains ne pouvaient pas faire, Dieu l’a fait. La pierre EST roulée.

Là où la route était barrée, Dieu a percé une trouée; une brèche. Il a ouvert un chemin, il a brisé l’opacité d’une existence sans espérance, l’opacité d’une vie conditionnée par l’échec, la maladie, la faute; la mort. 


 

Comment? En ressuscitant le Christ d’entre les morts. Et c’est la deuxième révélation qui atteint les femmes de plein fouet: “Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié? Mais il n’est pas ici. Il est ressuscité”.

Il n’est pas ici! Là où tout devait finir, eh bien tout commence. Là où tout était censé s’arrêter, tout débute. Non, Dieu ne s’est pas laissé enterrer avec nos impossibilités. Il ne s’est pas laissé ensevelir avec nos désespoirs. Il n’est pas resté prisonnier de nos échecs. Mais il a relevé son fils d’entre les morts. Et, ce faisant, il a flanqué une belle pagaille dans nos esprits organisés.

S’il existe un lieu toujours en ordre, c’est bien le cimetière. Car là, rien ne survient jamais, rien n’est dérangé. Dans nos cimetières, les tombes sont alignées au cordeau, sans surprise; et tout le monde est bien tranquille.

Or, à Jérusalem ce matin-là, une tombe est vide. Une seule; mais avec elle, tout est dérangé; sens-dessus-dessous. Là où il y avait un corps, un mort, il n’y a plus rien. Plus rien qu’une pierre mise de côté et un tombeau béant et vide: il est ressuscité! C’est le désordre absolu.

Si les pierres tombales ne sont plus à leur place, alors, plus rien n’est à sa place: ni la mort, ni la vie, plus rien de ce que nous pensons, plus rien de ce que nous voyons. Tout est renversé, tout est à l’envers, si Dieu n’est plus là où les hommes l’avaient mis. Avec nos théories, notre savoir, et notre religion même, est-ce que nous n’avons pas tendance à enfermer Dieu dans ce que nous sommes, dans nos réalités telles que nous les voyons? Dans nos résignations, dans les limites de nos impuissances humaines?

Mais Dieu est autre; tout Autre; Dieu n’est pas un homme, et il veut inscrire une liberté dans nos horizons bouchés et dans nos coeurs résignés. Il veut nous apprendre à lire autrement nos vies.

 

Dans nos vies, il y a des jours qui ressemblent davantage à Vendredi saint, et d’autres qui ressemblent plus à Pâques. Il n’y a pas vraiment de chronologie. Les différents moments sont entremêlés: tantôt la confiance et la joie, la jubilation, la délivrance; tantôt l’abattement et le vide; le doute, le désespoir. Mais ce qu’il y a d’unique, dans l’évangile, c’est que la résurrection donne désormais à notre existence un sens unique, une direction unique: celle qui va de la mort à la vie.

Un philosophe disait: “le croyant et l’athée sont séparés par trois jours, ceux qui vont de Vendredi saint à Pâques”. Ces trois jours en effet font toute la différence dans le regard que nous portons sur nous-mêmes. Ils permettent de regarder notre vie à partir du but, à partir de ce que nous deviendrons: des ressuscités. Regard... et nous revoici à évoquer notre calendrier paroissial!! Regard nouveau.

Nos impuissances, nos défaillances; nos limites, nos ciels de plomb, tout cela fait partie des pierres du chemin, et tant que nous serons sur cette terre, elles seront là.

Mais vous savez: le Ressuscité les porte avec nous! Il les roule, les déblaie, les enjambe avec nous; il vient ouvrir à chaque fois, inlassable, un avenir. À cause de cela, dit Paul aux Corinthiens, nous sommes faibles mais pas découragés; éprouvés, mais pas désespérés; nous sommes dans la souffrance, mais pas abandonnés; dans les luttes, mais aussi dans l’espérance.

Et, au dernier jour de notre vie, notre “repos”, comme on dit de la mort, notre repos ne sera pas d’être couchés, mais d’être debout dans la lumière de Dieu. Notre repos ne sera pas dans l’immobilité ou le retour, mais il sera dans la pleine clarté d’un avenir en marche, tissé de passions et de possibles, en communion avec le Christ, Ressuscité. Joyeuses Pâques!
Amen                
                          

Martine Sarrasin et Jean-Jacques Corbaz 


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