Pour vous y retrouver

Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!

Ces œuvres sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé.

Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.

dimanche 29 novembre 2015

(Co, Pr) L’attente de Delphine et Barbara

Message du 28 novembre 2015

Lecture:  Luc 3, 1-6


Il était une fois deux jeunes filles. Et, comme dans tous les contes, ces deux jeunes filles n’avaient qu’un seul rêve: elles attendaient le Prince charmant! L’une s’appelait Delphine, et l’autre Barbara.

Or, un jour, elles reçoivent un message: “Tenez-vous prêtes, leur est-il dit, ce soir le Prince vous invite à une fête. Il viendra vous chercher.”

- Oh, dit Delphine, c’est merveilleux! Le Prince m’invite, peut-être qu’il me trouve belle, qu’il m’aime!

- Oui, fait Barbara. Mais quand va--t-il venir? Il aurait pu le préciser. Et que vais-je faire, en attendant?

Les deux soeurs s’habillent. Delphine, de la joie plein le coeur, allume du feu dans la cheminée. Il fait bon.

Pendant ce temps, Barbara s’inquiète: ma coiffure ne va pas, zut, je recommence. Puis c’est sa robe, qu’elle veut changer.

Delphine, près du feu, voit tout à coup une araignée. D’habitude, elle en a peur. Mais aujourd’hui, toute à la promesse de la fête, elle la regarde autrement. “Mais c’est joli, une araignée! Elle a plein de reflets de toutes les couleurs, comme les flammes dans la cheminée”...

Soudain, un grand brouhaha vient du dehors: une troupe joyeuse de jeunes passe tout près. Delphine sort. “Ohé, leur crie-t-elle, venez chez nous, il y a du feu, il fait bon!”. Les jeunes entrent. “Barbara, tu viens?”.

- Non, répond la soeur, je dois rester à la fenêtre, pour guetter le Prince, quand il arrive.

Delphine, avec ses nouveaux amis, s’amuse et danse toute la nuit. Et, au matin, elle reconnaît, juste à côté d’elle... le Prince, qui a enlevé son déguisement. Il a fêté toute la nuit, avec elle!

Pendant ce temps, Barbara, triste, déçue, s’est endormie à sa fenêtre. Pour elle, le Prince n’est pas venu. 


 

J’aime ce conte, qui nous parle de vivre, et d’espérer. De vivre ce qu’on espère. Ce que nos espoirs peuvent changer dans nos vies!

Car ce que nous attendons (que ce soit l’Amour, ou la Paix, ou la réussite, peu importe), ce que nous attendons, nous pouvons, comme Delphine, commencer à le dessiner. Nous pouvons l’anticiper. Elle allume du feu, elle regarde l’araignée avec joie, elle invite les jeunes. La promesse du Prince la met en route; et cela changera sa vie!

Barbara, au contraire, attend de manière négative. Irritée par le flou de l’annonce, elle finira par passer à côté de la fête.

Cette histoire est en fait une fable, à plusieurs niveaux: on peut l’entendre comme une parabole sur l’amour, le grand Amour, et la façon de l’attendre.

On peut lire aussi, derrière la venue du Prince, par exemple nos relations avec les autres; la Paix mondiale; ou le règne de la justice.

On peut enfin comprendre cette venue du Prince comme la venue du Christ, son retour parmi nous, son règne. Oui, je crois que le pouvoir de Dieu sur nous est exactement celui du Prince charmant sur Delphine et Barbara: une promesse, un amour donné, une espérance semée dans nos coeurs. C’est là sa seule puissance.

Et ce message peut prendre vie en nous, comme chez Delphine. Il peut nous faire créer de grandes choses, des fêtes joyeuses, des réconciliations... des amours, des Grands Amours! Il peut encore nous mettre en marche pour bâtir, dans notre maison, sur cette terre, plus de justice et de paix...

- Comme il peut, hélas, rester lettre morte, à l’image de Barbara, et nous laisser à la fenêtre, amers, frustrés: nous n’aurons rien reçu. Pour nous, il ne se sera rien passé.

C’est cela, préparer les chemins du Seigneur, en nous, cette transformation intérieure à l’image de Delphine. C’est à cela que Jean Baptiste nous appelle, aujourd’hui comme il y a 2000 ans. En allumant les quatre bougies de nos couronnes, puissions-nous, dans cet Avent, faire grandir dans nos coeurs les qualités dont nous avons parlé, lors de notre atelier: la foi, l’espérance, l’amour et la paix. Puissions-nous tous recevoir ce trésor extraordinaire, et le laisser tout changer dans notre vie! Amen    

         

Jean-Jacques Corbaz 


mercredi 25 novembre 2015

(Ci) La face cachée des ombres

"Chaque nuage, si noir soit-il, a toujours une face ensoleillée, tournée vers le ciel!"

(auteur inconnu)
 




lundi 23 novembre 2015

(An) Suppression des magazines religieux à la radio et à la TV

Bonjour,
Vous avez probablement entendu parler de la suppression des magazines religieux à la radio et à la TV.
Une pétition en ligne peut être signée par qui le désire. Vous la trouverez à l'url: http://soutenonsrtsreligion.info/

Comité de soutien

Jacques-Simon Eggly, Ancien Conseiller national, PLR
Philippe Gonzalez, Sociologue, UNIL
Alexandre Jollien, Ecrivain, philosophe
Liliane Maury Pasquier, Conseillère aux Etats, PS
Ada Marra, Conseillère nationale, PS
Jean-François Mayer, Historien des religions
Philippe Roch, Ancien directeur de l'Office fédéral de l'environnement
Claude Ruey, Ancien Conseiller d'Etat, Ancien Conseiller national, PLR
Bien amicalement

jeudi 19 novembre 2015

(Bi) Lettre ouverte à la RTS


Chère RTS,

L'actualité ne cesse de nous secouer. Les attentats de Paris du 13 novembre 2015, même s'ils sont plus médiatisés que d'autres dans le monde, touchent les Suisses avec une force sans précédent. A la télévision, un intervenant a même utilisé l'expression de "11 septembre européen". Oui c'est un séisme, un tournant pour l'Europe qui prend conscience que le terrorisme islamiste peut frapper aveuglément n'importe où, n'importe quand. Et devant notre porte.

Et toi, pendant ce temps, que fais-tu ? Tu médiatises l'événement, tu donnes la paroles aux personnes touchées, dans l'émotionnel notamment, mais pas seulement. Tu expliques aussi les racines géopolitiques de ces actes. Tu instruis. Tu joues ton rôle de télévision publique qui se doit non seulement de relayer l'information, mais aussi d'expliquer pédagogiquement.

Mais soudain, nouveau séisme: je viens d'apprendre que tu as décidé de supprimer tes émissions
religieuses, les magazines de fond. Et je dois te dire que je ne comprends pas. Comment peux-tu, dans ces temps troubles et troublés où la société devient de plus en plus a-religieuse, devenant de plus en plus étrangère à la religion, comment peux-tu faire cela ? Ne te rends-tu pas compte du danger sous-jacent d'une telle décision ?

Dans le communiqué de protestinfo, il est écrit ceci concernant les négociations en 2013. Tu te souviens, c'était seulement il y a deux ans...
Lors de la précédente négociation de la convention la direction de la chaîne se réjouissait de l’engagement des Eglises qui participaient à la «générosité de l’offre», selon le directeur des programmes, Gilles Pache, interrogé par Le Courrier en 2013. Il déclarait alors que les émissions religieuses «assument un rôle pédagogique indispensable». Et il ajoutait: «dans notre société en évolution elles peuvent contribuer à éviter des dérives islamophobes, par exemple.»
Mais que t'arrive-t-il ? Es-tu soudain prête à ne plus prendre en considération ce danger ? qui va prendre le relais de tes émissions "pédagogiques" pour éviter que l'on tombe dans l'amalgame et le fanatisme (anti-)religieux? Qui ? Dis-le moi. Je n'ai pas envie que ma Suisse tombe elle aussi si bas, et pour cela, nous avons besoin d'un service publique qui joue son rôle pédagogique. Un service public qui instruise, aussi et d'abord au sujet de la religion. C'est le dernier lien qui permet aux personnes éloignées de comprendre un peu ce qui se passe et d'éviter de basculer dans le règne de l'intégrisme et de la peur: la peur du religieux, la peur de l'autre, la peur de ce que l'on ne comprend pas. Et la radicalisation qui va avec. Car c'est bien cela un des buts de l'instruction: éviter les fanatismes.
http://www.rts.ch/religion/6335206-le-nouveau-portail-rtsreligion.html
Je peux bien entendre que tu as des difficultés financières. Mais comme le disait un ami, "supprimer le remarquable travail de l'équipe de RTSReligion, c'est bafouer à la fois une équipe qui tisse des ponts entre religions, montre la nécessaire tolérance entre elles, et à la fois bafouer le public au moment d'une soif spirituelle manifeste et d'un besoin évident de décoder le fait religieux qui emplit l'actualité." Tu ne peux pas nous laisser tomber, nous avons besoin de toi. Oui je suis dans l'émotionnel face aux froids calculs, car notre société n'est pas faite que de billets de banques, mais aussi de valeurs qui nous chères: ouverture, tolérance, compréhension de l'autre.

Chère RTS, je t'écris cette lettre ouverte en tant que pasteur, mais aussi en tant que citoyen suisse inquiet pour son pays. Le temps n'est pas aux coupes financières, l'actualité nous montre assez bien que nous avons besoin de toi et de ton décodeur des religions. Et ce n'est pas une question de laïcité, crois-moi, ni une question d'audience, mais bien une question de santé publique.

Je te demande donc, pour la santé de notre pays, de revenir sur ta décision dont les conséquences pourraient à terme être graves pour notre société Suisse.

Avec mes salutations fraternelles,

Benjamin Corbaz,
Pasteur

dimanche 15 novembre 2015

(Li) Prière après les attentats



Vendredi soir, l’horreur s’est faite actualité à Paris.
Nous voulons porter dans nos prières celles et ceux qui, de près ou loin, ont été touchés au coeur de leur existence.

Devant l’horreur, nous voulons comme Job dire simplement : « Je ne retiendrai plus mes plaintes… je les dirai à Dieu ». Oui, nous voulons déposer toute plainte devant Toi, Dieu vivant. 

S’il est naturel de nous interroger sur le sens et le non-sens de ce qui assaille, nous ne voulons pas tomber dans le piège des pourquoi qui résonnent dans le vide et l’absence. Nous voulons, les adresser à quelqu’un, à Toi ô Dieu, qui mystérieusement nous rassemble encore et encore. 

Tout comme Job, nous déposons plainte devant Toi pour ces hommes et ces femmes qui ont perdu hier soir un des leurs, pour ces parents qui ne reverront plus leur fils ou leur fille, pour ces enfants qui ne reverront plus leur(s) parent(s) ou leur grand(s)-parent(s), pour ces jeunes qui ne reverront plus leurs ami-e-s. 

Nous déposons plainte devant Toi pour celles et ceux dont un proche a été blessé, peut-être gravement. 

Nous déposons plainte devant Toi pour celles et ceux qui découvriront qu’un de leurs proches a participé, de près ou de loin, à ces violences indicibles. 

Oui, nos plaintes, leurs plaintes, nous les déposons toutes devant Toi. Tu reçois ces plaintes, ô Dieu vivant, ça change tout. Car Toi seul, dont Jésus le Christ a révélé le visage, est capable de transformer les plus sombres nuits en aurore. 

Oui, Dieu vivant, nos plaintes dictent ce matin notre prière au nom de tous ces visages qui ne nous avons vu à la tv. Permets que rien, pas même la souffrance la plus forte, pas même le cri le plus lancinant, n’empêche l’un ou l’autre d’être rejoint par Toi. Qu’à ses côtés chacun-e trouve un proche, ami ou inconnu, qui apaise, écoute, console, soigne, prie…, qu’il ou qu’elle trouve un témoin de Toi, consciemment ou non. 

Renouvelle les forces des équipes médicales et des secouristes, comme des politiques et des hommes et femmes de bonne volonté, soucieux du vivre ensemble, toutes communautés confondues. 

Au nom de Jésus le Christ, ton visage à notre égard. Amen


(Pr, SB) “Hors de moi vous ne pouvez rien faire”... Vraiment?

Prédication du 15 novembre 2015 -  Jean 15, 1-8, Esaïe 51, 1-3

La Bible est riche d’images terriennes. En particulier, la vigne y est à l’honneur. Dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, la communauté des croyants est souvent comparée à une vigne, soignée, chérie, protégée par son Créateur: le vigneron majuscule!

Alors moi, pasteur; moi dont le père terrestre était justement vigneron, je savoure ces images si réalistes. Car le travail sur nos ceps et nos sarments n’est pas simple: protéger des maladies, du mildiou, des parasites... Et aussi des rôdeurs, et puis des maraudeurs (à deux ailes ou à deux mains!). Se faire du souci pour les éléments qu’on ne maîtrise pas: le gel, le sec, la grêle... Oui, le “métier” de Dieu ressemble étonnamment à celui de nos vignerons!

Mais savez-vous, je n’ai pas encore mentionné une activité importante à la vigne: c’est de couper! Depuis la taille, en hiver, jusqu’aux vendanges, il faut savoir manier le sécateur. En passant par: éplaner, puis rebioller, puis biocher; voire sacrifier des grappes... Il s’agit d’empêcher le cep de disperser ses forces en végétation inutile, pour que le raisin puisse mûrir, et que le vin soit meilleur.

Le travail de la vigne demande de savoir bien couper. Pas étonnant, dès lors, que l'évangile utilise cette image pour parler de notre vie. En effet, celle-ci est faite de coupures, de déchirements; de tailles et de biochages. "Je suis le cep, dit Jésus, et vous les sarments".

Dans les 8 versets de Jean que nous avons entendus, il y a 2 images différentes, 2 comparaisons qu'il faut veiller à ne pas embrouiller. D'abord, Jésus affirme que c'est Dieu qui taille, qui émonde et qui purifie (le même verbe en grec veut dire tout ça). Dieu, comme un vigneron, nous travaille et nous façonne, pour nous empêcher de disperser nos forces en branches inutiles, pour que les fruits de notre foi puissent mieux mûrir, et que le résultat en soit meilleur.

Et puis, il y a une seconde image, lorsque Jésus appelle ses disciples à demeurer en lui; donc à rester fidèles à ses paroles, à sa volonté, à ses rêves pour nous.
 



Concentrons-nous un instant sur la première comparaison. Elle est si connue que nous ne réalisons  souvent pas à quel point elle peut poser problème; et un immense problème, même: Dieu taille, il coupe les sarments qui ne portent pas de fruits, et il les enlève...

Imaginez comment peut réagir à cela quelqu'un qui doute, ou qui a tendance à culpabiliser. Il risque bien d'entendre ce verset comme une condamnation de son manque de foi, ou de ses "péchés"; se sentir rejeté par Dieu. Ce qui est bien entendu à l'opposé de l'ensemble du message de l'évangile! Peut-être d'ailleurs avez-vous, vous-même, réagi ainsi?

Cette difficulté fait dire à beaucoup de pasteurs que ce passage est imprêchable aujourd'hui. Qu'il faut en tout cas éviter de le lire à l'occasion de baptêmes, ou de services funèbres... enfin, partout où nous pouvons parler à des gens qui ne sont pas 100 % certains d'être sauvés... À moins de supprimer à la lecture les phrases qui, comme ce terrible verset 6, mentionnent les sarments enlevés et jetés au feu!
 



Pour mieux comprendre ce passage, j'ai envie de faire trois remarques:

1° D'abord, souvenons-nous que Jésus s'adresse ici aux 11 disciples. Même Judas est déjà sorti! Donc, le Christ parle à des gens entièrement convaincus. Il n'aurait pas dit cela devant d'autres personnes.

Jésus emploie cette image pour fortifier les 11 avant l'épreuve de Vendredi saint. Pour les assurer qu'ils sont dans le vrai, et qu'il ne leur faut pas douter du bien-fondé de leur choix. Cette comparaison n'est valable que pour eux, les disciples, et c'est la trahir que de l'appliquer à des gens qui sont en marge d'une vie de foi solide; ce n'est pas pertinent. Un peu comme dans un parti politique, où on ne va pas parler de la même manière selon qu'on s'adresse à des militants qu'on veut galvaniser, ou à des gens de l'extérieur, pas tout à fait convaincus.

Jésus ne parle qu'à des sarments qui portent du fruit ("Vous, vous êtes déjà taillés par ma parole" dit-il) - car il faut les préparer à l'émondage ô combien douloureux de la croix!

2° Deuxième remarque: il serait entièrement faux de se sentir, à partir de ces versets, autorisés à séparer nous-mêmes les bons des mauvais, les vrais des faux. C'est Dieu qui taille, et personne d'autre! Les anathèmes, les excommunications et autres malédictions ne sont pas de notre ressort, fussions-nous chefs d'Eglise!

3° Dernière remarque sur ce point: quand il affirme "Hors de moi, vous ne pouvez rien faire...", Jésus dit aussi "Restez unis à moi". Nous sommes déjà dans la seconde comparaison. Ce n'est plus Dieu qui coupe, mais ce sont les croyants qui sont encouragés à rester dans la communion; à ne pas se couper du Christ. "Dans les épreuves, vous serez tentés de vous séparer de moi, dit Jésus. Or il est vital pour vous, pour l'Eglise, de demeurer attachés au cep". Il y a une sève qui coule de la souche aux sarments, et qui seule peut donner la vie; et qui seule peut donner de porter du fruit utile. Cette sève, c'est bien sûr le Saint-Esprit, le souffle du Christ pour nous. "Je suis le cep, et vous les sarments".

Là encore, souvenons-nous que Jésus parle aux seuls 11 disciples. Il ne dirait jamais à des tièdes "Hors de moi, vous ne pouvez rien faire"! Le bon sens nous le dit bien: hors du Christ, on peut faire des quantités de choses très utiles et positives! Mais ici, il s'agit de porter les fruits de l'Eglise, les fruits du Saint-Esprit; les fruits communautaires décrits dans la suite de ce passage: l'amour fraternel entre chrétiens; la joie qui reflète celle du Ressuscité; le témoignage missionnaire; la prière; le service à la communauté chrétienne; et le fait de tenir bon dans les persécutions. Soit tout ce qui est mentionné dans les versets 9 à 20 (je vous invite à les relire tranquillement chez vous).

La deuxième comparaison complète ainsi la première, chacune corrige ce que l'autre pourrait avoir de trop restrictif: d'abord, portez du fruit, car la sève de l'Esprit vous nourrit dans un but autre que vous-mêmes! Et ensuite, restez unis au Christ, car il est la meilleure source de forces intérieures et de courage pour la mission que vous recevez. Les deux mouvements sont étroitement liés, et il y a un va-et-vient continuel entre eux: rester en Christ permet de porter du fruit; et porter du fruit nous rattache plus étroitement au Seigneur. Chacun de ces temps est la conséquence de l'autre.



 



Je termine par trois questions, que je laisse à votre méditation:

- Que signifie rester attaché au Christ et porter du fruit dans notre situation de chrétiens engagés et convaincus aujourd'hui? (un peu comme Jésus, je ne m'adresse pas aux autres, ce matin, excusez-moi s'il y en a dans cette église qui ne se sentent pas concernés!!). Que signifie rester attaché au cep? À notre époque d'individualisme à tout crin, il y a du pain sur la planche, il me semble!

- Et puis, quelles priorités ce passage appelle-t-il pour notre paroisse, en ce jour d'Assemblée? Quels fruits allons-nous cultiver ensemble?

- Enfin, cette image de la vigne ne nous invite-t-elle pas à tailler, à couper, non pas pour rejeter des personnes mais pour façonner notre paroisse, et notre Eglise, de manière à ne pas disperser nos forces en branches inutiles, pour que les fruits de notre foi puissent mieux mûrir, et que le résultat en soit meilleur?

Vaste programme, comme disait le Général!

On le sait: tout ce qui ne tue pas rend plus fort. C’est ainsi que le Père nous conduit à maturité, à travers les souffrances. Sachant que celui qui nous précède sur ce chemin-là, c’est son Fils. Modèle de nectar, après avoir été taillé de toutes parts, sur la Croix. Vin de notre fête! Amen                                     


Jean-Jacques Corbaz



dimanche 8 novembre 2015

(An) crée ta couronne de l'Avent!

Couronnes  de  l'Avent



Les enfants sont invités à créer leur couronne de l'Avent samedi 28 novembre, 15h, salle de paroisse catholique, ruelle des Renards 6, Grandson. 
Ils peuvent venir avec leurs parents ou grands-parents. 
Coût: Fr. 5.- par couronne.


Il y aura un goûter et, vers 18h15, une célébration oecuménique de l'Avent d'environ 35-40 minutes.


Chers accompagnants, si vous en avez la possibilité, merci d'apporter pives, noix, noisettes... petites boules de Noël, étoiles...


Nous nous réjouissons, ce sera un beau moment!

Les Conseils des deux paroisses, catholique et réformée.










(An) des chaussures et des habits chauds

En ce début novembrrrrr, merci de penser aux requérants d'asile placés aux Rochats, au-dessus de Provence. Ces hommes, venant de pays plus chauds que le nôtre, sont maintenant dans la neige, et très peu chaudement vêtus. *'+_+ froid *'+_+ froid *'+_+ froid 
   
La diacre Thérèse Aubert et les bénévoles qui assurent une présence de la part de notre Eglise lancent un appel pour trouver des chaussures et des habits chauds pour hommes (il n'y a pas de femmes, donc pas besoin d'habits pour dames!)
Et puis, si quelques personnes acceptaient de se joindre à l'équipe d'une trentaine de bénévoles, ce serait un immense cadeau!

 
Vous pouvez amener les chaussures ou habits chauds aux cultes de la paroisse de Grandson du 6 décembre 2015 (Giez 9h et Grandson 10h15); ou les remettre avant cette date au pasteur JJ Corbaz ou à un membre du Conseil de la paroisse de Grandson; ou vous adresser directement à Marie-Hélène Russi, 1428 Provence, tél. 079 217 46 74. Un immense merci d'avance pour ce joli cadeau de la Saint-Nicolas!
 
Et je vous encourage à faire suivre ce message à tous vos contacts. Une boule de neige de générosité, ce serait géant!!




(Ci) Regarder de haut?!

Lu dans 24 Heures cette jolie phrase, citée par ma collègue Line Dépraz: 
"Un homme ne peut en regarder un autre de haut que si c'est pour l'aider à se relever".
Magnifique!



dimanche 1 novembre 2015

(Pr, Vu) exorcismes, poltergeist et Cie - Prédication du 1er novembre

Marc 5, 1-20

“Je combats le démon qui agit dans ce monde”. C’est ce qu’affirme dans mon journal un exorciste officiel de l’Eglise catholique. Est-ce que vous vous retrouvez dans cette manière de parler?

Il y a en gros deux façons différentes de comprendre les phénomènes de possessions démoniaques ou d’exorcismes.

Certains imaginent des esprits dotés d’une volonté semblable à la nôtre; des esprits qui nous tomberaient dessus un peu comme des virus ou des microbes. C’est au fond la vision qui découle d’une lecture au premier degré des évangiles. Une interprétation fréquente par exemple en Afrique.

L’autre manière de comprendre, plus européenne, c’est de dire: ces passages bibliques décrivent en fait des maladies mentales, ou des crises d’épilepsie. Il n’y a là rien de bien mystérieux, et la médecine moderne peut guérir tout ça.  ...

J’espère ce matin vous aider à nuancer ces réactions, et à aller un peu plus loin. Car je crois fermement que ces histoires de “possessions démoniaques” font partie des tentatives humaines d’expliquer nos comportements, quand ils sont irrationnels. Nous touchons là à une dimension qui nous échappe en partie: celle des perturbations de nos vies intérieures. Des perturbations qui se répercutent sur nos relations et sur nos comportements.

Bien avant Freud et Jung, les évangiles avaient compris que raconter nos désordres intérieurs (les mettre en histoires) pouvait nous aider à les comprendre un peu mieux, et à nous en libérer.  ...

Attention donc à ne pas trop simplifier: une lecture attentive du Nouveau Testament nous fait voir que les symptômes décrits ont des points communs avec ceux de maladies connues, bien sûr, mais qu’ils s’en écartent aussi sur bien d’autres aspects, de ces maladies connues. Les “possessions démoniaques” des évangiles ne parlent pas seulement de maladies, physiques ou psychiques; elles décrivent les troubles de personnes qui sont privées de cohérence interne; écartelées entre, d’une part des modèles (ou des pouvoirs extérieurs) et elles-mêmes d’autre part. On pourrait presque dire: privées de vie spirituelle (unificatrice). C’est au fond une maladie de l’âme dont il s’agit!


Mais assez parlé abstraitement. Suivons plutôt un de ces possédés, dans l’évangile de Marc. Une histoire, un drame en quatre actes.

Première scène.
“Jésus descend du bateau. Un homme possédé d’un esprit impur vient aussitôt à sa rencontre, sortant des tombeaux, où il habite. Souvent on a essayé de l’attacher, mais il a rompu les chaînes, et personne n’a la force de le maîtriser. Nuit et jour, il est dans les tombeaux et les montagnes, poussant des cris et se déchirant avec des pierres.
“Voyant Jésus, il court se prosterner devant lui. Il crie: «De quoi te mêles-tu, Jésus, fils du Très-Haut? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas!» - car Jésus lui disait: «Sors de cet homme, esprit impur! Quel est ton nom?». Et il répond: «Je m’appelle Légion, car nous sommes nombreux». Et il le supplie avec insistance de ne pas les envoyer hors du pays.”


Ainsi, l’arrivée de Jésus clarifie un peu les choses pour le démoniaque. Il vivait une sorte de combat désespéré, contre lui-même et contre les autres; voilà qu’il change d’attitude - et cela sans que Jésus n’ait rien fait! Il court vers lui, et ses paroles comme ses gestes montrent un mélange complet d’attirance et de rejet. C’est le reflet de ses contradictions intérieures.

Il le dit lui-même: il n’est personne, il n’a même pas de nom à lui. Il est incapable de dire “je”, il est “Légion”. Légion, c’est-à-dire quantité d’hommes, mais aussi hommes en guerre! Car la Palestine, en ce temps-là, est occupée (oui, “possédée”!) par les légions romaines!

Et puis, le démoniaque exprime surtout sa peur d’être libéré! Peur de devoir se séparer de ces identités occupantes! Il supplie Jésus de ne pas envoyer ces “démons” trop loin: laisse-les dans le pays, que je les aie à portée de main!

N’est-ce pas là l’aspect le plus pernicieux de nos servitudes, morales ou spirituelles? Même affranchis, nous sommes attirés parfois par un retour à l’esclavage?!
  
Deuxième scène.
“Or il y a là un grand troupeau de cochons. Les esprits impurs supplient Jésus: «Envoie-nous dans les cochons». Il le leur permet. Alors ils sortent, entrent dans les cochons, et le troupeau, 2000 porcs, se précipite de la falaise dans la mer; et ils se noient.”

C’est étonnant: les démons se comportent comme des gens civilisés! Ils demandent à Jésus l’autorisation de rejoindre les cochons (qui sont un peu de la même famille, d’ailleurs! Le porc est impur pour les Juifs). Et tous se jettent dans la mer. La mer qui est par excellence le domaine des mauvais esprits; pensez à la tempête apaisée, qui vient juste avant notre récit.

Tout rentre donc dans l’ordre. Vraiment? Euh... en apparence! Car cette forme de folie, ou de désordre intérieur, se déplace souvent. On voit des gens, guéris, dont les symptômes sont repris par d’autres personnes. Si souvent en effet, quelqu’un de perturbé n’exprime pas d’abord son désordre à lui, mais celui d’un groupe; ou d’une société; d’un clan... Pensez au phénomène du bouc émissaire. D’ailleurs, quand on raccommode un habit usé, fréquemment ça se déchire juste à côté!


Troisième scène.
“Ceux qui gardent les cochons prennent la fuite et racontent la chose dans la ville et les hameaux. Et les gens viennent voir ce qui est arrivé. Ils voient le gaillard auprès de Jésus, assis, vêtu et il est normal, lui qui avait eu le démon Légion. Ces gens sont saisis de crainte, ils veulent chasser Jésus de leur territoire.”

La santé retrouvée révèle parfois de nouvelles formes de folie. Après les porcs, c’est la réaction des villageois que Jésus doit affronter. Ils trouvent cher payée la guérison de notre homme! Au fond, c’était pour eux plus acceptable d’enchaîner le malade pour avoir la paix. Ou de le condamner à la pourriture dans les tombeaux. - Combien de fois préférons-nous le sacrifice d’un seul pour que notre vie à nous soit plus confortable?

Or pour Jésus, rien n’est trop cher pour qu’un homme renaisse  à la liberté, qu’il renaisse en première personne, pour qu’il soit libre de dire “je”! Toutes les perturbations de la relation que nous entretenons avec nous-même, il veut les guérir pour nous rendre mieux auteurs de notre propre vie!

La quatrième scène se déroule, comme la première, au port (p.o.r.t.!). Jésus s’y retrouve face à l’homme guéri.
“Comme il monte dans la barque, l’ancien possédé le supplie de pouvoir le suivre. Jésus ne le permet pas, mais l’envoie auprès des siens, dans son pays, parler de tout ce que Dieu a accompli pour lui. Et l’homme s’en va, et proclame ce que Jésus lui a demandé. Tous sont dans l’étonnement.”
L’ancien possédé voudrait suivre Jésus. Quoi de plus normal? (“normal”, c’est le cas de dire!!). Mais Jésus refuse que cet homme développe une nouvelle relation de dépendance. La foi n’est pas une drogue, elle est confiance reçue d’une autre confiance, celle de Dieu pour nous. Elle est libération vers l’avant. L’homme guéri a été rendu à lui-même, il doit retourner vers les siens pour s’y épanouir dans cette vie nouvelle. Ce sera là sa mission. Rayonner de cette harmonie reçue.

L’apôtre Paul résumera toute cette histoire en une seule phrase.  Il renverse les notions de folie et de sagesse. En Christ, cette épopée du démoniaque guéri prend la valeur d’une promesse universelle: Dieu a choisi la folie de la croix pour sauver de la folie tous ceux qui mettent leur confiance en lui. Vendredi saint devient promesse unificatrice, apaisante, guérissante: Jésus nous redonne une identité, notre véritable identité. Il nous offre un sens. Sa cohérence nous permet de reconstruire notre cohérence, à son contact.


Telle est la vie spirituelle qu’il nous propose! Et telle est notre mission, à nous aussi: répandre autour de nous cette atmosphère qui unifie; qui apaise; qui guérit. Christ a besoin de nous là où nous vivons. C’est ici qu’il nous appelle à devenir des artisans de liberté.
Amen  





(après l’interlude):

Alors, les possessions démoniaques?!? Mauvais esprits ou maladies? Vous avez compris que c’est plus compliqué que cela.  Il entre en jeu ici beaucoup de choses, qui dépassent nos connaissances et nos intelligences. Mais une des dimensions, que l’évangile nous éclaire aujourd’hui, c’est que ce sont souvent des troubles d’un groupe humain qui se concentrent dans les perturbations d’une seule personne. Un déséquilibre relationnel, mais aussi affectif, et spirituel.

On peut les guérir, mais ce n’est pas d’abord avec une aspersion d’eau bénite ou une formule magique. Il s’agit de restaurer un équilibre, chez la personne atteinte, mais aussi fréquemment dans l’ensemble du groupe humain dont elle fait partie, et qui est à la base de ses perturbations. Un équilibre relationnel, affectif, spirituel...

J’ai pu moi-même vivre quelques expériences à ce sujet. Nous pourrons en dire davantage tout-à-l’heure, autour d’un café!
(Cela se passera à Grandson, après le culte, soit vers 11h environ. Vous êtes cordialement invités à nous rejoindre pour ce moment!).


Jean-Jacques Corbaz



 


Reflets

Nous étions 8 pour le temps de discussion. Voici quelques thèmes abordés:

- les cultes avec imposition des mains: certains sont gênés, mais d’autres apprécient que la dimension du corps et de nos émotions soit mieux prise en compte dans la prière. C’est une bonne façon de vivre concrètement la proximité et la “caresse” de Dieu!

- l’importance du toucher dans nos relations humaines, et aussi dans la foi. Du contact, de la chaleur humaine, nécessaires à la vie, et que Dieu nous invite à utiliser les uns avec les autres.

- les aspects négatifs de la solitude, et aussi de l’isolement (on peut être isolé même en groupe, chacun “dans” son gadget électronique...).

- le cas d’une famille qui se disait “possédée”, et qui a pu “guérir” à force de contacts apaisants par le pasteur, pour lutter contre la peur. Sans eau bénite, mais avec beaucoup de présence et de tendresse...

- les gens qui ont peur d’aborder quelqu’un qui a passé par un gros deuil, parce qu’ils sont gênés, qu’ils ne savent pas quoi dire. C’est souvent l’endeuillé qui doit faire le premier pas.

- les guérisseurs, le “secret”: il y a des quantités de choses que la science n’explique pas, ou partiellement seulement...

- ...