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dimanche 6 août 2017

(Pr, SB) Quand Jésus fait de la provoc’

Prédication du 6 août 2017   -   "L'humour de l'évangile selon Jean"

Lectures: Jean 5, 1-18; Jean 11, 25-26; Romains 5, 1-2; Ps. 103, 1-13

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Nous sommes à Bethzatha; en hébreu, la “maison de la miséricorde”. Il y a là une piscine dont l’eau est enrichie, à certains moments, par une source thermale. Quand l’eau chaude arrive, la piscine se met à bouillonner. Et on dit que les éclopés de toutes sortes peuvent être guéris, s’ils se baignent à ces moments-là.

Bethzatha, “maison de la miséricorde”, est devenue aussi un lieu de culte pour les croyants d'Israël. Un lieu où on prie et célèbre le Dieu qui offre ces guérisons. Un petit “Lourdes”, si vous voulez.

Et voilà qu’en plus de la piscine curative, en plus du lieu de culte, la “maison de la miséricorde” a fini par devenir une sorte de cour des miracles. Rendez-vous des handicapés, des malades, des éclopés, qui tous sont venus pour attendre le moment où l’eau se met à bouillonner. Ils s’agglutinent autour de la piscine, espérant le miracle. Et, en attendant, ils survivent par la mendicité, en restant là, nombreux: l’évangile nous apprend qu’il y en a plein cinq galeries à colonnes, cinq portiques.
   

Bethzatha. Voilà le cadre de cet épisode de l’évangile, qui est bien différent des autres récits de guérison. En lisant ce passage, je me suis fait quatre remarques.

1) D’abord, on ne nous dit pas comment s’est passé le miracle. L’acte de guérison en soi est presque banalisé, il passe si vite que ça veut sûrement nous indiquer quelque chose. Aucune mention de l’admiration de la foule, comme ailleurs; ni des réactions du miraculé. L’évangile veut donc nous dire que l’essentiel n’est pas dans la guérison. Il faudra regarder au-delà de l’événement.

2) Deuxième remarque. Il est intéressant de relever une différence importante entre l’évangile selon Jean (qui rapporte cette histoire) et les trois autres: chez Matthieu, Marc et Luc, la question du respect de la loi, surtout du sabbat, c’est un problème d’éthique, c’est-à-dire de comportement (“est-ce que c’est bien ou non de respecter le sabbat? Est-ce important, obligatoire?”).

Au contraire, chez Jean, c’est une question de foi au Christ. Le thème du sabbat nous fait mettre le doigt sur la pierre d’achoppement pour les juifs: qui est Jésus? Le problème essentiel est là, à la fin du premier siècle, quand Jean rédige son évangile. Respecter ou non le sabbat n’est plus un débat d’actualité.         La question centrale, c’est notre relation au Christ.

Ce fait est souligné aussi par ce qui est dit du miracle. Car c’est la parole de Jésus qui provoque la guérison: “Lève-toi, prends ta natte et marche!” Et le verbe grec employé ici devrait même être traduit par “promène-toi, va-et-viens”; c’est le verbe “peripatein”, d’où est tiré le nom de ces dames, vous savez, qui vont et viennent sur les trottoirs, pour se montrer: les péripatéticiennes.
  

L’homme guéri ne reçoit pas l’ordre de rentrer chez lui, comme dans l’évangile de Marc. Il doit se balader, aller et venir; se montrer! Nous avons ici un cas typique du fameux humour de l’évangile de Jean. Le miraculé, sur ordre du Christ, fait de la provocation!!

Provocation. Et les juifs tombent dans le panneau, ça ne rate pas! L’essentiel de ce passage sera dans la réaction de ces chefs religieux de Jérusalem, qui ne comprennent rien et accusent.

Pourtant, avez-vous remarqué? Ce n’est pas Jésus qu’ils attaquent, mais l’homme guéri. Ils lui reprochent de porter sa natte un jour de sabbat. Les traditions précisaient que, ce jour-là, on n’avait pas le droit de porter plus que le poids d’une demi figue!

Ainsi, il n’y aura aucune controverse entre Jésus et les chefs juifs, au contraire des autres évangiles. Et c’est le miraculé qui va recentrer le débat en le ramenant à la personne de Jésus. Les autorités religieuses de Jérusalem sont ridicules, elles n’arrivent pas à comprendre où se joue l’essentiel!
    3) La troisième remarque nous ramène à un verset mystérieux et rebutant; mais qui va pourtant s’avérer la clé de toute l’histoire. C’est le verset qui dit: “Ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire”. Spontanément, on a envie de sauter cette phrase. Si l’homme se remet à pécher, dorénavant, est-ce que ça va lui provoquer une maladie pire qu’avant?

Non, ce n’est pas du tout ça. Nous disions tout-à-l’heure que l’essentiel, dans l’évangile de Jean, c’est notre relation au Christ.  Cela nous aide à discerner que, dans ce récit, il y a une double guérison: la guérison physique, et puis celle de la foi, celle qui fait passer de la mort à la vie.

En croyant en Jésus, fils de Dieu, l’homme est guéri d’une maladie autrement plus mortelle que sa paralysie! Le pire, c’est ce dont Jésus est venu nous délivrer, c’est le fait de ne pas connaître Dieu, son pardon, sa grâce!

La guérison physique n’est pas l’essentiel, elle n’est qu’un signe du salut. L’ancien paralysé pourrait n’être encore qu’un mort-vivant, desséché non plus à l’extérieur, mais à l’intérieur. Ce serait ça, le pire! Et le péché, c’est justement de ne pas croire au Fils, qui veut nous faire passer de la mort à la vie.
(Entre parenthèses, voyez cet humour de Jean: tandis que Jésus veut nous faire passer de la mort à la vie, les chefs juifs, eux, ne rêvent que de faire passer Jésus de la vie à la mort!!
   

4) Dernière remarque. Et nouveau contraste avec Jésus. Ce que voit le Christ, c’est d’abord la longue détresse de cet homme, ces 38 ans de calvaire. Jésus savait, dit l’évangile. Un regard lui suffit pour comprendre la souffrance du paralysé.

Ce que voit Jésus, c’est la détresse de cet homme, tandis que les chefs juifs, ô ironie, ne sont attentifs qu’à la transgression de la loi. L’homme guéri a dû retomber de haut, en étant accueilli de manière aussi mesquine par les autorités de sa religion!

Le regard de Jésus sur nos misères humaines, nos souffrances, nos paralysies, c’est cela qui nous sauve, aujourd’hui comme hier.


Il faut regarder au-delà des événements, disions-nous tout-à-l’heure. Ce récit de l’évangile nous invite ainsi à voir nos vies d’un oeil neuf, au-delà de la banalité, de la grisaille parfois. Regarder nos vies avec la sympathie de Jésus pour le paralysé, et pour tous les autres qui souffrent, qui luttent, qui espèrent. En quoi peut-il nous ouvrir, nous aussi, à la Vie majuscule, avec lui?

Beaucoup d’êtres humains passent pas la souffrance, la maladie, le désespoir. Beaucoup encore s’en sortent. Mais bien plus rares sont ceux que le passage par le désert de la souffrance fait naître à une dimension nouvelle, avec le Christ; la vraie Vie.


Cette année, nous célébrons les 500 ans de la Réforme. Souvenir d’un passage décisif, mais difficile, vers la connaissance de la grâce, du pardon de Dieu en Jésus. Nous, réformés, nous ressemblons à cet impotent de Bethzatha. Guéris, remis debout par le Saint-Esprit, nous le croyons; guéris, et pourtant toujours faibles et titubants, jamais à l’abri du péché (le péché d’oublier le Christ, son amour, son salut).

“Ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire”. Comme le paralysé guéri, nous rencontrons, une fois reçue la Vie, toutes sortes d’obstacles, et même (et surtout!?) des obstacles religieux! Pour l’homme de Bethzatha, c’étaient les juifs et leur courte vue. Pour nous, serait-ce peut-être une sorte de contentement de nous-mêmes qui empêcherait la grâce du Christ d’agir pleinement (“Nous sommes sauvés, donc mangeons et buvons!”)?

Puissions-nous, autour du souvenir de la Réforme, raboter un peu nos autosatisfactions, dans nos vies religieuses comme dans notre quotidien. Puissions-nous avoir, pour le monde et pour nous-mêmes, un regard qui s’inspire de celui du Nazaréen. Afin de toujours mieux passer, avec lui, de la mort à la Vie!


Nos Eglises, comme notre existence privée, n’ont pas à être réformées une fois pour toutes, pour devenir parfaites. Ce n’est pas en notre pouvoir! Vous le savez, elles ont, au contraire, à être toujours réformées à nouveau, toujours ré-illuminées par la présence du Christ. C’est ainsi seulement qu’elles pourront éviter de devenir comme les chefs juifs d’il y a 2000 ans, crispés sur le poids d’une demi figue, et passant à côté de la guérison de Dieu!

Aujourd’hui, nous sommes guéris, libérés par la puissance du Ressuscité; ce qu’on appelle la grâce. Comment allons-nous re-frayer sans cesse le chemin vers sa lumière, pour qu’y repoussent le moins possible des mauvaises herbes et des ronces? Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz  



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