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dimanche 29 avril 2018

(Pr) Maudire les mécréants??!

Prédication du 29 avril 2018, « Un curé pas très catholique » 

Lectures:  1 Corinthiens 16, 19-24; Matthieu 5, 43-45; Luc 9, 51-55


Il est rare qu’on lise attentivement les salutations qui figurent à la fin des épîtres de la Bible, et qu’on prêche sur elles. Mais là, il y a un verset qui m’a sauté à la figure, c’est celui-ci: “Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur, qu’il soit maudit”. Ouille là! J’espère qu’il vous a fait sursauter aussi!!
 
Cette phrase surprend, elle fait tache, avec le reste de la lettre, et en particulier les autres salutations, qui parlent d’amour et de baisers. Elle tranche surtout avec tout ce que nous savons de l’amour chrétien dans le Nouveau Testament! Elle nous gêne et nous interroge. Comment la comprendre?
 


Un qu’elle ne devait pas gêner, c’est un curé espagnol nommé Don Eladio Blanco Vila. Lors d’un service funèbre, il a tiré sur ses paroissiens avec un pistolet, parce que ces derniers n’étaient pas d’accord avec lui!

C’est en 1987. Don Eladio préside les funérailles d’une dame âgée. Or, celle-ci n’allait pas à l’église. En chaire, le curé déclare que la défunte n’a donc pas droit au sacrement, puisqu’elle ne pratiquait pas. Et que, dès lors, il n’ira pas au cimetière pour la mise en terre.
 
La famille et les quelque 300 fidèles murmurent et se fâchent. Mais Don Eladio n’apprécie pas cette colère, il la considère comme une offense. Indigné au point d’en oublier le commandement  “Tu ne tueras pas”, le curé sort de sa poche un revolver! Il tire cinq fois sur ses paroissiens avant d’être désarmé par la foule.

Don Eladio court alors se barricader dans la sacristie, d’où il menace la foule avec un fusil d’assaut militaire. On appelle la police pour ramener le calme... Et on découvre un véritable arsenal chez ce curé pas comme les autres. Hem! On se croirait dans un roman noir de San Antonio!! Et, vous le voyez, les musulmans djihadistes ne sont pas seuls de leur espèce...
 
  


Cette histoire s’est réellement passée, en 1987. On ne sait pas très bien s’il faut en rire ou en pleurer. En tout cas, elle révèle un état d’esprit inquiétant: penser que la foi chrétienne, c’est un ensemble de “devoirs”, qu’il faut accomplir; et croire qu’avec des menaces, par la force ou par la peur, on peut changer les gens.
 
Nous sommes bien d’accord: tout ça n’a rien à voir avec l’évangile. Même si parfois, un bout de phrase dans le Nouveau Testament lui-même va dans ce sens. Car l’intolérance est un poison répandu partout, et prêt à resurgir à l’occasion, prêt à se développer, dans un accès de colère ou de frustration, comme dans notre histoire.
 
Faut-il en rire ou en pleurer, de ce curé flingueur? Pour ma part, je vous propose plutôt d’en rire. Mais d’un rire qui se moque autant de Don Eladio que de nous-mêmes. D’un rire qui n’oublie pas nos envies de parfois imposer «notre» vérité, voire notre intolérance. D’un rire qui démasque la violence qui dort en nous, en chacun(e). D’un rire qui la révèle comme l’a fait l’événement fondateur de notre foi, la mort de Jésus sur la croix.
 
  


“Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur, qu’il soit maudit. Maranatha (= le Seigneur vient)”. Pour les exégètes, ce verset serait un ajout de la première Eglise, tiré des liturgies de sainte cène. On sait qu’à Corinthe, le repas du Seigneur était vécu dans l’anarchie: certains bâfraient et se saoulaient alors que d’autres n’avaient que des miettes. Notre menace de malédiction était donc destinée à mettre en garde les croyants, pour éviter qu’ils ne prennent la communion sans être conscients de l’immense cadeau que nous fait Jésus, quand il meurt pour mettre fin à la spirale de la violence.
 
De plus, il faut se souvenir que cette injonction date d’un temps où il était vital pour les premiers chrétiens de bien baliser les limites qui les séparaient des païens. On vivait alors dans une société où l’intolérance et l’exclusion étaient la norme. J’ose croire que ce n’est plus le cas aujourd’hui, grâce à l’enseignement du Christ. Euh... Même si j’ai des doutes, parfois, quant à notre capacité de nous comporter en êtres évolués...
 
Pour ma part, je ne peux pas maudire celui (celle) qui n’aime pas le Seigneur. Le Dieu en qui je crois, c’est celui qui, par la bouche du Christ, réprimande les disciples quand ils voulaient appeler le feu du ciel sur les villes infidèles. Jésus, oui, a versé son sang pour détourner de nous cette malédiction, pour la prendre sur lui à notre place. Et c’est ce qui lui permettra d’oser nous demander cette énormité, oui, cet appel hors normes: “Aimez vos ennemis”.
 
Depuis Vendredi Saint et Pâques, la violence et la haine ont été condamnées à mort! Au matin du tombeau vide, Dieu a semé les graines d’un avenir différent, de relations nouvelles entre les humains. Dieu travaille en nous, par son Saint-Esprit, pour que meurent en nous les tentations d’imposer par la force ou par la peur notre vérité, si juste soit-elle; pour que naisse en nous une qualité de dialogue et d’écoute: qu’on se parle, sans se tirer dessus!
 
Tolérance. Tout le monde en parle, de la tolérance. Tout le monde est d’accord avec la tolérance. Peut-être même Don Eladio et ses frères... Le problème, c’est quand on arrête d’en parler pour la vivre, la tolérance. Le hic, c’est quand les frustrations et le stress s’accumulent; et tournent en colère mal maîtrisée. Alors, parfois, ça explose: une gifle, une insulte, que souvent après on regrette. Et puis, une fois tous les coups de canon, c’est le drame. Peut-être qu’un Don Eladio sommeille en chacun(e) de nous?
 
Merci donc de veiller sur nos colères, sur nos vexations, sur l’intolérance qui nous chatouille, parfois. Merci de veiller sur nos germes de violence. Veiller dessus, ça veut dire pour moi oser les regarder en face, avec le Christ qui m’aide à rester fort. Ça veut dire pour moi les remettre à Dieu, les laisser se transformer au soleil de la Tendresse majuscule qui nous est donnée, gratuitement, grâce à Jésus.
 
Essayer de désamorcer nos germes de violence. Et aussi, bien sûr, de prévenir celles des autres! Autour de nous, et dans le monde. Comme le disait déjà Dieu à Caïn, au tout début de la Bible: “La violence est comme un monstre tapi derrière ta porte. C’est à toi d’en être le maître. Domine-la!”
 
Et ici, chers amis, il faut encore dire, une énième fois, que nos contemporains font souvent fausse route. Car si mes frustrations, car si les injustices et les brimades que je subis peuvent réveiller le Don Eladio qui roupille en moi, combien davantage encore les humiliations que subissent certains, au hasard les musulmans chez nous, risquent d’attiser l’incendie et de provoquer des explosions comme on en a trop vu... L’intolérance provoque en retour l’intolérance, et seuls les extrémistes en profitent. Merci d’y veiller aussi! Comme disait Dieu: “La violence est pareille à un monstre tapi derrière ta porte. C’est à toi d’en être le maître... Domine-la!”.
Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz 

  

dimanche 22 avril 2018

(Pr) "Dans les bras de qui?"

Prédication du 22.4.18, Villars, 10h

«Vous croyez en la résurrection... mais ya qqch qui cloche!»

Lectures: 1 Corinthiens 15, 1-5; 12-14; 19-20; 31-32; Esaïe 25, 6-9


Dans une réunion d’évangélisation, une jeune femme donne son témoignage. “Hier, dit-elle, j’étais dans les bras de Satan. Aujourd’hui, je suis dans les bras de Jésus Christ”. Alors, du fond de la salle, une voix d’homme: “Et demain, vous êtes libre?”

Et ce qui n’était, au départ, qu’une joyeuse mise en boîte est devenu soudain une jolie parabole de la foi chrétienne. En effet, c’est vrai qu’il nous arrive de passer d’une paire de bras dans une autre, dans le domaine de notre vie spirituelle. Ce n’est d’ailleurs pas tellement les bras de Satan ou ceux du Christ. La vie n’est jamais aussi simple qu’on le dit dans certaines réunions d’évangélisation!
 


Non, notre foi oscille plutôt entre le respect au Dieu créateur; entre la confiance dans un Dieu qui nous sauve sur la croix; entre la peur d’être puni, avant ou après la mort; entre l’obéissance morale aux commandements; entre les questions, les doutes; et entre l’espérance agissante dynamisée par la foi au Ressuscité...

Chers paroissiens: dans quels bras êtes-vous, aujourd’hui?

Il y a encore ceux du Dieu colérique, tout-puissant et tout-punissant de l’Ancien Testament; ceux du Bon-Dieu style Père-Noël; ceux d’une vague divinité bienveillante mais très très loin de nous; ceux d’une force vitale qu’on pourrait se rendre favorable ou non selon nos gestes, nos prières ou nos rites... Et j’en oublie des kyrielles, sinon on serait encore là à midi!

Dans quels bras êtes-vous, aujourd’hui?

Les Corinthiens, eux, étaient dans les bras du Ressuscité. Du moins le croyaient-ils. Ils avaient reçu de Paul la Bonne Nouvelle de l’évangile, et ils se réunissaient le dimanche, tout joyeux, pour rappeler que ce jour-là Jésus avait été remis debout et qu’il était sorti de sa tombe, libre et vainqueur.

Dans leur culte, ils aimaient réciter ces phrases, qui sont l’un des plus anciens résumés de la foi: “Christ est mort pour nos péchés, comme l’annonçaient les Ecritures (c’est-à-dire l’Ancien Testament). Il a été enterré. Il est ressuscité le troisième jour, comme l’annonçaient les Ecritures; il est apparu à Pierre, puis aux douze”.
 

Pourtant, l’apôtre Paul se rend compte qu’il y a quelque chose qui cloche. Ces affirmations de foi éclatantes ne débouchent sur rien. Il semble que la religion des Corinthiens se restreigne à la connaissance, au culte, à la mémoire. Rien ne se passe dans leur vie de tous les jours, dans le concret de leur quotidien. Et surtout, rien ne se passe dans leur attitude face à la mort! La résurrection du Christ n’a aucun impact sur la façon dont les chrétiens de Corinthe pensent à leur mort.

L’apôtre Paul, par conséquent, les sermonne, dans la plus grande partie de ce chapitre 15. Il leur tire les oreilles en ces termes:  Vous savez bien que le coeur de la foi, c’est la résurrection du Christ. Alors, pourquoi est-ce que vous ne vous sentez pas concernés, vous aussi personnellement, par cette dynamique? Pourquoi plusieurs d’entre vous pensent-ils que les humains, vous et moi, nous ne ressusciterons pas? Si vous laissez de côté cette espérance-là, vous restez en-dehors de l’essentiel de la foi chrétienne!

“Je vous rappelle, dit-il, -littéralement je vous présente- la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée; que vous avez reçue; et à laquelle vous êtes fermement attachés...”.

Pourquoi est-ce que Paul présente cette Bonne Nouvelle si ses lecteurs la connaissent, et s’ils y croient?

Il y a sans doute ici un peu d’humour. Un peu comme si,dans une soirée arrosée, un copain faisait du plat à ta femme et que tu la prennes par l’épaule en te tournant vers le gaillard, lui disant de manière appuyée: “Je te présente mon épouse”! - alors qu’il la connaît, bien sûr!

Et ce que Paul veut dire, avec ce clin d’oeil, c’est que les Corinthiens y croient sans y croire vraiment, à cette Bonne Nouvelle. Qu’ils ne sont pas allés assez loin. Qu’ils en sont restés à la porte d’entrée!

“Je vous présente l’essentiel, la Bonne Nouvelle: “Christ est mort pour nos péchés, comme l’annonçaient les Ecritures. Il a été enterré. Il est ressuscité le troisième jour, comme l’annonçaient les Ecritures; il est apparu à Pierre, puis aux douze”... Ce que vous récitez chaque dimanche, amis de Corinthe, pourquoi ne l’appliquez-vous pas à votre quotidien? Si le Christ nous ouvre la route de la vie nouvelle, et de la résurrection, comment pouvez-vous penser que ce n’est pas pour vous et vos semblables?

Si les morts ne ressuscitent pas, notre foi ne vaut pas un clou! Notre vie spirituelle repose principalement sur cet axe. S’il manque, ce n’est plus du christianisme!
  

22 avril 2018. Nous ne sommes pas là pour faire le procès des gens de Corinthe, évidemment! Mais pour nous demander si cette lettre ne nous concerne pas aussi un peu...

Il me semble que la résurrection des personnes après leur mort nous cause moins de problèmes qu’aux Corinthiens. Dans les cultes de funérailles, comme dans le secret de nos coeurs, et peut-être même dans les discussions de bistrot, nous chrétiens admettons volontiers qu’il y ait une vie après la mort. Donc Villars contre Corinthe: 1 - 0!

Mais. Aujourd’hui, est-ce que ce n’est pas la résurrection du Christ qui est difficile à croire, chez nous? Si nous sommes prêts à accepter que le Créateur nous fasse revivre, d’une façon ou d’une autre, pourtant notre culture rationnelle et matérialiste bute contre ce tombeau ouvert, immense point d’interrogation du matin de Pâques. Christ a-t-il vraiment été ramené de la mort à la vie? Comment est-ce possible?

Pour beaucoup de nos contemporains, la résurrection de Jésus est une sorte de supplément à la foi chrétienne, un élément pas du tout central. Un complément pour des gens particulièrement convaincus, qui ont envie d’aller plus loin.

Du coup, Corinthe égalise: 1 - 1!!

Bien sûr, la lettre de Paul ne répond pas à nos questions de gens modernes et cartésiens. L’apôtre s’adresse à des chrétiens vivant une tout autre culture. Et puis, il baigne, lui aussi, dans cette tout autre culture!

Ce qui va m’aider, c’est justement qu’il n’entre pas dans les détails. Il n’essaie pas de décrire; ni de prouver ou d’expliquer. J’ai l’impression qu’il me laisse libre de me représenter la résurrection comme je veux. Libre d’y voir un fait historique; ou au contraire d’y voir une prédication, un appel, un message général de victoire de la vie sur la mort. Libre d’inscrire l’évènement de Pâques dans nos catégories physiques (soit voir le ressuscité comme je vous vois); ou bien plutôt sous forme d’apparitions dans d’autres dimensions. Paul me laisse libre (davantage que les évangiles, écrits plus tard), et c’est justement cette liberté qui me parle de résurrection!
 
Mais le match n’est pas terminé. À Corinthe comme chez nous,  le plus ardu, la principale difficulté, c’est que notre foi puisse nous transformer; qu’elle ne reste pas au niveau des connaissances seulement, de la mémoire, du culte et des formules. Nous aimons chanter À toi la gloire, nous apprécions les textes liturgiques qui disent la fête, le tombeau ouvert, la vie deux fois donnée... mais comment est-ce que cette espérance se traduit dans nos existences quotidiennes?

La résurrection intervient-elle quand nous sommes fâchés avec quelqu’un? Ou quand nous sommes confrontés à notre fragilité, voire à notre propre mesquinerie? Croyons-nous que toute situation bloquée peut être dynamitée par le ressuscité? Pâques peut-elle changer quelque chose à mes rouilles, à mes trouilles et mes brouilles?

“Christ est mort pour nos péchés, comme l’annonçait l’Ancien Testament. Il a été enterré. Il est ressuscité le troisième jour, comme l’annonçait l’Ancien Testament; il est apparu à Pierre, puis aux douze”: une foi comme celle-là peut-elle dynamiser ma vie, et m’entraîner dans une espérance qui agit concrètement?

De la réponse à cette question dépend le résultat final du match. Corinthe: 1; Villars: 1, ou 2? Amen                                          

Jean-Jacques Corbaz 



dimanche 8 avril 2018

(Po, Li) Comme une promesse



Au bord de la nuit,
Ce n'est déjà plus tout à fait la nuit,
C'est l'aube - qui luit.
 


Au bord de la mort,
Est-ce la mort, encore, ou la vie qui dort?
Au bord du bord, désespoir enfoui - ou enfui,
Pâques vient naître, à l'aurore.


Au bord de tes pleurs,
Ce n'est déjà plus tout à fait des pleurs,
Mais une étoile, qui s'entr'ouvre, comme une fleur.


Au bord de ton regard privé de bleu,
Gris, pareil au ciel qui perle tes cheveux,
Triste comme le vide qui déborde de tes yeux,
Est-ce un regard, encore, est-ce un bateau sans port?


Au bord, à l'extrême fil du faufil de ton corps,
Germe le murmure de ton coeur d'or,
Fragile promesse de trésor.
Pâques naît, aujourd'hui encore.


Au bord de la nuit, c'est l'aurore,
Au bord de la mort, c'est la vie.


Au beau rivage de la tendresse,
Comme une promesse,
Pâques vient nous rendre plus forts.


 

J-J Corbaz, Pâques 2012


dimanche 1 avril 2018

(Li, Hu) Le logo de Pâques


Bonjour!
Les chrétiens du 1er siècle avaient du génie! Ils ont inventé un logo super-facile à dessiner, et pourtant très parlant! C'est devenu un signe de ralliement universel, clair et indispensable. Message caché au temps des persécutions, symbole d'appartenance et de foi: à l'heure où des armées de publicitaires phosphorent pour créer l'image idéale, personne n'a trouvé mieux!

(montrer le dessin)  


Il s'agit du poisson, vous l'avez sans doute deviné. Il évoque le baptême (puisque baptiser signifie "tremper dans l'eau"). Et il est une confession de foi élémentaire: en effet, le mot "poisson", en grec, est constitué de la première lettre de chaque mot dans la phrase "Jésus-Christ, fils de Dieu, Sauveur".

Tous les chrétiens naissent donc sous le signe des poissons! Et c'est spécialement le cas aujourd'hui!

En ce 1er avril, fête de Pâques, ce logo nous accueille, et nous relie. Il nous parle d'un Dieu qui nous reçoit les bras ouverts, qui que nous soyons, et quelle que soit notre position face à lui. Il souhaite que nous puissions, dans cette célébration, nous sentir... comme un poisson dans l'eau! Et c’est bien sûr tout spécialement vrai et important en ce qui concerne le baptême, que nous célébrons ce matin!
 
J-J Corbaz



(Pr) la “preuve” de la résurrection

Prédication de Pâques, 1er avril 2018

«Pâques: de la résignation au courage»

Lectures: Matthieu 28, 1-20 (+ Colossiens 3, 1-4 et Psaume 118, 1-6, 19-23, 29)



L’histoire se passe peu après la révolution d’octobre 1917 en Russie. Le nouveau régime envoie un commissaire du peuple parcourir les campagnes afin d’extirper les prétendues “anciennes croyances”, comprenez: la foi chrétienne! Cet homme explique aux habitants des villes et des villages que la religion est l’opium du peuple; mais que l’athéisme va libérer le prolétariat; débarrassé de ses illusions, il marchera de progrès en progrès.

À la fin de son discours, ce commissaire offre la parole à qui veut la prendre, même si c’est un contradicteur.

Un petit pope miteux alors s’avance. On le fait monter à la tribune. Quand le silence est établi, il ne prononce que ces trois mots: “Christ est ressuscité”; et aussitôt, la foule se lève et répond d’une seule voix: “Il est vraiment ressuscité”! - soit la salutation de Pâques bien connue, en usage dans l’Eglise orthodoxe.

   


Cette histoire vraie montre deux choses: d’abord, elle met bien en évidence le caractère irrationnel de la résurrection de Jésus. Rien ne peut la prouver, ni même la rendre probable. Elle est affaire de conviction, de conviction profonde et non raisonnable! La résurrection suscite des doutes même chez les disciples, nous l’avons entendu. Et elle provoque toutes sortes de tentatives pour essayer de l’expliquer rationnellement, tel le plan des chefs juifs selon l’évangile de Matthieu.

Le second enseignement de cette histoire, c’est que, malgré cela, la résurrection est le coeur de la foi au Christ. Pâques est la toute première fête chrétienne, et de loin la plus importante. C’est à cause d’elle que le dimanche est devenu le jour du Seigneur. La résurrection est le moteur de toute foi chrétienne.

À nous aussi, aujourd’hui, Pâques est proposée comme centre de notre vie religieuse. Comme coeur de notre relation avec Dieu, et avec nous-même. Comme pivot pour notre vie de tous les jours. Car Jésus était on ne peut plus inscrit dans le concret de notre terre.

Rappelez-vous son histoire: il vivait à une époque mouvementée. Son pays était occupé, et pliait sous la colonisation romaine.

Après trente ans de vie dans une famille modeste de travailleurs, il se met à annoncer l’évangile, la bonne nouvelle qui peut changer le monde. Il prêche un Dieu qui ne veut que le bonheur et la liberté de chacun(e). Les gens l’écoutent, le suivent; ils l’accueillent de manière triomphale aux Rameaux.

Mais ce que Jésus annonce ne plaît pas à tout le monde. Ceux qui tiennent le pouvoir n’aiment pas ce prophète de la bonté, de la gratuité; du pardon et de l’amour des autres sans conditions. Impossible, avec lui, d’exploiter et de manipuler le peuple tranquillement!

Les puissants complotent donc contre lui. Ils achètent les complicités nécessaires. En quelques jours, Jésus est arrêté, jugé, crucifié, enterré.
  


Mais il l’avait annoncé: il fallait qu’il soit torturé pour être avec nous partout, même dans les pires souffrances. Il fallait qu’il meure pour vaincre la mort, c’est-à-dire pour montrer que, quand on est relié à Dieu, même la mort peut avoir un sens. Trois jours après, il sort de la tombe, victorieux de tous les lâches (y compris ses disciples!), victorieux de tous les ennemis de la bonne nouvelle qu’il était venu proclamer.

Et c’est ainsi qu’au soir du tout premier dimanche de Pâques de l’histoire, les disciples se sont rassemblés, une nouvelle fois (mais aussi une nouvelle foi!!). Ils ont échangé ce cri de joie, qui est devenu la salutation de Pâques par excellence: “Le Seigneur est ressuscité, il est vraiment ressuscité”!
 

Les évangiles, à vrai dire, ne décrivent pas la résurrection elle-même. Ils essaient encore moins de l’expliquer. C’est impossible. Mais ce qu’ils montrent, ce sont des femmes et des hommes (oui, oui, Mesdames, les premiers témoins de Pâques s’appelaient Marie-Madeleine et Marie!!), des femmes et des hommes qui ont été brusquement transformés: des femmes et des hommes qui ont passé de la passivité à l’action; qui ont changé leur timidité en volonté de se prendre en charge; qui ont passé en quelques heures d’une résignation presque fataliste au courage d’affronter le monde.

Et depuis cette époque, depuis 2000 ans, savez-vous: il y a toujours eu des femmes, il y a toujours eu des hommes qui ont vécu une expérience semblable. Qui ont passé étonnamment de la résignation au courage, grâce au Christ.

Une telle expérience serait-elle exceptionnelle, ou réservée à quelques privilégié(e)s?

Pas du tout! J’ai presque envie de dire qu’elle est à la portée de chacun(e). Mais ce serait exagéré.

Ce serait exagéré, parce qu’il y faut une condition essentielle, pour que ce soit possible. Car pour réussir de tels retournements, nous avons besoin le plus souvent d’une aide concrète qui ne se paie pas de mots, mais qui paie en actes! Nous avons besoin d’exemples, nous avons besoin de voir des personnes concrètes transformées et ressuscitées, elles aussi, et qui nous permettront de suivre un peu leur chemin. Nous avons besoin de les voir, de les entendre, de les toucher. Car savez-vous: de passer de la résignation au courage, c’est réellement contagieux!

J’aime le dire: la seule “preuve” de la résurrection, ce sont des femmes et des hommes que Pâques a remis en marche, relevés, remis debout; des vies transformées. De même que la seule preuve du vent, ce sont les feuilles qu’il fait bouger, et les voiliers qu’il fait avancer!
  

Aujourd’hui donc, l’Espoir majuscule a besoin de nous. La Vie a besoin de nous. Chaque fois que nous nous relevons, chaque fois que le courage l’emporte sur le fatalisme, et l’amour sur la haine, alors de nouvelles personnes se voient offrir ce fabuleux cadeau de Pâques, cette porte ouverte sur une vie libérée!

Bien sûr, notre monde est rempli d’obscurité; de violence; de souffrances. Mais ce n’est qu’en retroussant nos manches que la lumière augmentera; que la paix gagnera; que la liberté et le bonheur que Dieu nous destine deviendront accessibles au plus grand nombre. En retroussant nos manches: pas une seule, mais dix manches (au moins!) - puisque c’est le jour de Pâques!

Merci donc aux femmes et aux hommes de notre temps qui relèveront ce défi-là! Sans eux, sans nous, Dieu est manchot et muet. Seuls nos gestes et nos sourires permettront à nos contemporains de commencer à ressusciter, eux aussi.

Et là vous voyez, Khanh et Lambro, chère famille, vous voyez la force de votre choix, en ce dimanche de Pâques, de baptiser Elina; de la placer sous les promesses et la Vie majuscule de Dieu en Christ; et donc de tâcher de toujours mieux devenir, pour elle, ces exemples de vie réconciliée et ressuscitée; ces modèles de solidité intérieure et d’amour, de soi, des autres et de Dieu. En ce 1er avril, on peut dire qu’Elina maintenant est née, non pas seulement sous le signe des poissons (comme le disait avec le sourire notre introduction au baptême), mais sous le signe de la Passion! La Passion de Dieu pour elle, et la nôtre pour la mission que Jésus nous confie!

Chers amis: que notre Pâques soit joyeuse, mais surtout vraie et rayonnante! Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz